Il y a 10 ans de cela, 1135 personnes, dont une majorité de travailleurs de l’industrie textile, trouvaient la mort dans l’effondrement du Rana Plaza, un bâtiment abritant plusieurs ateliers de confection pour une trentaine de marques de confection issues du monde entier (Benetton, Zara, Primark, Walmart, Carrefour…) à Dacca, la capitale du Bangladesh.
Passée l’émotion suscitée par ce drame et les déclarations des grands acteurs du secteur, quel bilan tirer de l’évènement 10 ans après ?
Tout d’abord, et ce n’est pas rien, celui d’une indéniable prise de conscience de la face cachée de la fast fashion et de son business model. Du côté des consommateurs bien sûr, qui ne peuvent plus ignorer ce qui se cache derrière les prix bas pratiqués par certaines enseignes. Et du côté des marques qui ont, pour certaines, fait des efforts, transformé leur modèle en cherchant à améliorer les conditions de travail jusqu’au bout de la chaîne de valeurs.
Ce drame a également un effet accélérateur sur la loi sur le devoir de vigilance qui, depuis 2017, impose aux entreprises donneuses d’ordres de plus de 5000 salariés de prendre leurs responsabilités par rapports aux acteurs de leur chaîne de valeur, fournisseurs et sous-traitants inclus.
Est-ce suffisant ? Si cette loi constitue un indéniable progrès, ce seuil élevé de 5000 salariés permet encore à de nombreuses marques de se soustraire à leurs obligations. Un projet de loi visant à abaisser ce seuil à 500 salariés est d’ailleurs en cours de discussion au Parlement Européen à Bruxelles.
D’autre part, 10 ans après le Rana Plaza, l’industrie de la fast fashion ne s’est jamais aussi bien portée, que ce soit les acteurs historiques de l’industrie (Zara, H&M) ou plus récemment avec Shein, un acteur chinois qui s’est affirmé en moins d’une décennie comme un des leaders du secteur avec un modèle d’ultra fast fashion à prix cassés.
Au-travers de notre modèle propriétaire d’analyse extra-financière, nous avons pu constater au fil des 10 dernières années une amélioration notable des pratiques visant à une plus grande maîtrise de la chaîne de valeurs des grands groupes industriels. Néanmoins, ce sujet reste globalement une zone de fragilité comme en témoigne, encore récemment, le nombre de marques impliquées dans le recours à du travail forcé issu de de la minorité ouïghoure dans des usines chinoises.
Sur ces sujets complexes où chaque acteur va adopter une gestion différenciée de sa chaîne de valeurs, nous restons persuadés que seule une analyse systématique du newsflow au quotidien, combinée à un dialogue récurrent avec les sociétés voire des actions d’engagement ciblées permet d’avoir une analyse fine de ces sujets et de pleinement apprécier le niveau de risque de responsabilité des sociétés.
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Source : DNCA Finance. Document rédigé le 12/05/2023.
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