AllianzGI - L’investissement durable en 2025 : cinq thèmes à surveiller

09/01/2025 - source : Patrimoine 24

Point clés : 

Les records de chaleur et les tempêtes dévastatrices renforcent l’urgence de parvenir à des plans de transition clairs et efficaces. 

Les nombreuses réglementations, notamment européennes, qui entreront en vigueur en 2025 mettront à l’épreuve l’engagement du continent envers la transition. 

Les pays se sont déjà engagés à atteindre certains objectifs pour la décennie à venir avec l’Accord de Paris, mais des défis émergeront en matière d’engagement et de mise en œuvre. 

Les conflits persistants et un potentiel changement des priorités américaines refaçonneront la manière de financer le secteur mondial de la défense de manière responsable. 

Le marché mondial de l’emploi évolue, avec ses risques et ses opportunités, ce qui impose de revoir l’approche vis-à-vis de la main-d’œuvre moderne. 

"L’année 2025 sera marquée par les retombées d’une année 2024 dominée par diverses élections. La lutte contre le changement climatique, les nouvelles réglementations et l’évolution des dépenses de défense sont autant de priorités qui façonneront l’investissement durable l’année prochaine. 

L’année 2024 a connu des rebondissements à bien des égards. Toutefois, 2025 pourrait marquer l’émergence d’un pragmatisme nécessaire parmi l’ensemble des acteurs, afin de promouvoir les actions (et les financements) indispensables pour concrétiser la transition vers une économie mondiale plus résiliente à l’horizon 2030 et au-delà. Les 5 thèmes suivants constitueront, selon nous, des enjeux récurrents pour les investisseurs en 2025".  

Matt Christensen, Responsable mondial de l’investissement durable et d’impact 

1. De l’impact climatique à la transition climatique 

Si l’année 2024 a connu l’été le plus chaud jamais enregistré, avec des températures moyennes mondiales quotidiennes record atteintes le 22 juillet1, l’automne n’a pas été en reste, l’ouragan Milton et la tempête Boris s’étant distingués par leur intensité sans précédent. Ces phénomènes confirment notre prévision de l’année passée selon laquelle l’année 2024 serait marquée par un tournant où le prix du changement climatique se ferait désormais ressentir à bien plus court terme. Malgré des divergences sur la scène politique, nous pensons que 2025 marquera la prochaine étape du passage de l’impact climatique à la transition climatique.

Ce n’est toutefois pas si simple, car cette transition nécessite une action coordonnée pour orienter efficacement l’ensemble des acteurs et les encourager à s’engager dans la transition vers une économie mondiale décarbonée. Si de nombreux acteurs restent axés sur la transition énergétique, les opportunités présentées par l’efficacité énergétique restent le premier levier2 en matière de transition climatique.

Des avancées sont nécessaires dans l’analyse des scénarios, les cadres de gestion des risques climatiques ainsi que dans les cadres réglementaires et financiers pour parvenir à un plan de transition clair et efficace l’année prochaine. Reste également à savoir qui financera une transition équitable, et de quelle manière.

2. Le grand moment de vérité

L’année 2025 sera marquée par une vague de nouvelles réglementations et de nouveaux principes directeurs ainsi que d’une surveillance accrue3 qui pèseront sur les entreprises, au moment même où l’UE repense sa compétitivité. Nous voyons là un moment de vérité : ces avancées représenteront-elles un coût supplémentaire, ou inciteront-elles à diriger le capital indispensable vers la transition climatique ?

En 2025, les entreprises européennes devront se plier à davantage d’obligations de transparence et à une surveillance accrue de leur chaîne de valeur. Les investisseurs s’attendent à d’éventuelles évolutions des exigences de publication et de la réglementation européenne en matière de durabilité. Cela devrait coïncider avec de nouveaux systèmes de classification (en Europe et au Royaume-Uni), l’adoption de la nouvelle norme en matière d’obligations vertes, de possibles nouvelles directives et normes pour les plans de transition, ainsi qu’avec les effets continus de la législation visant à réglementer les fournisseurs de notations ESG. 

L’Europe sera au cœur de ces évolutions réglementaires, sous le regard attentif du reste du monde. Les évolutions réglementaires incessantes de ces dernières années épuisent les entreprises et les investisseurs, et les régulateurs risquent de créer des signaux contradictoires sur le marché plutôt que de promouvoir la finance durable et le financement de la transition. 

3. La souveraineté face au climat 

Le rôle des gouvernements en matière d’enjeux climatiques évoluera pour se concentrer sur leurs propres objectifs ambitieux, reflétant ce qu’ils attendent des entreprises. Conformément à l’Accord de Paris, 196 pays ont jusqu'à février 2025 pour mettre à jour leur Contribution déterminée au niveau national (CDN), qui détaille leur contribution individuelle aux objectifs climatiques mondiaux. Quel impact pourrait avoir un nouveau retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur les ambitions climatiques des États souverains ?

L’Accord de Paris de 2015 a porté ses fruits, mais les ambitions et le financement des États restent insuffisants pour maintenir la trajectoire du scénario de 1,5 °C. Le deuxième rapport Global Stocktake4 (« Bilan mondial »), attendu l’année prochaine, devrait révéler que nous nous dirigeons plutôt vers un réchauffement de 1,9 à 2,1 °C, qui comporte des risques climatiques bien plus importants qu’un réchauffement de 1,5 °C. Si les États visent un objectif de 2 °C, comment espérer promouvoir celui de 1,5 °C auprès des entreprises  ? 

Selon les estimations, un investissement mondial de 6 200 milliards USD est nécessaire pour atteindre l’objectif de zéro émission nette5. Le financement climatique représente donc pour les marchés de capitaux une opportunité majeure d’innover en matière de structures et de normes, et les États ont un rôle crucial à jouer dans ce financement. 

 

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Références : 

1. Copernicus, New record daily global average temperature reached in July 2024  2. Commission économique des Nations unies pour l’Europe, Energy efficiency: the first fuel and the long-term solution to the current energy crisis, 2022 3. Deloitte, Sustainability regulation outlook 2024, février 2024  4. Nations unies – Changement climatique, Bilan mondial, 2024 5. La Climate Policy Initiative estime que 6 200 milliards USD devront être consacrés au financement climatique chaque année jusque 2030 pour atteindre l’objectif de zéro émission nette. D’ici 2050, ce sont 7 300 milliards USD annuels qui seront nécessaires. Allen & Overy, Climate Policy Initiative, How-big-is-the-Net-Zero-financing-gap-2023.pdf, 2023   

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