D’ici la fin du mois, la France va devoir rendre sa copie budgétaire à la Commission Européenne. Ça s’annonce mal. Le déficit budgétaire pour 2024, qui était prévu à 4,9% du PIB il y a encore quelques mois de cela, devrait finalement grimper à 5,6% du PIB. En cause : une baisse non prévue des recettes (TVA, IR, IS), notamment en lien avec le recul des importations.
Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
Est-ce un accident de parcours ? Non, l’an dernier, les prévisions du gouvernement s’étaient déjà avérées erronées. Nous sommes clairement face à un problème politique d’anticipations optimistes. Malheureusement, cela va nous coûter cher. L’ajustement budgétaire qui va être demandé par les autorités européennes ne pourra être que brutal.
Une hausse de la fiscalité paraît de moins en moins évitable. Évidemment, le débat public évoque la piste d’une hausse de la fiscalité pour les plus riches. Quitte à accroître la perception que seulement une minorité contribue ? Au niveau national, 76% des recettes de l’impôt sur le revenu sont payées par les 10% de ménages les plus aisés. Difficile d’accroître davantage la pression fiscale sur ces contribuables. Comme toujours, la solution structurelle est de revoir le périmètre de l’État, de baisser drastiquement les dépenses publiques et de concentrer les missions de l’État sur certains domaines prioritaires, comme la relance de la productivité.
PerspectivesCette semaine est très chargée. Le premier débat entre K. Harris et D. Trump est prévu demain. Ce sont deux visions diamétralement opposées de la société qui se font face. Le candidat à la vice-présidence d’Harris, T. Walz, plaide pour une « garden economy » (en opposition à la « jungle economy » que Trump voudrait). Selon Walz (2018), « l’idée selon laquelle vous êtes d’une certaine manière plus responsable sur le plan fiscal en n’investissant PAS dans l’éducation, les soins de santé et les transports est un argument politique séduisant, mais cela n’a aucun sens. Surtout lorsque nous pourrions avoir une main d’œuvre mieux éduquée, en meilleure santé, vivant plus longtemps etc. ». Si on résume, il plaide pour une forme de social-démocratie à l’européenne qui, pourtant, n’a jamais réussi à s’implanter de l’autre côté de l’Atlantique. À ce stade, il est évidemment difficile de savoir qui va l’emporter. Harris est légèrement en tête dans les dernières projections…mais l’écart est encore très insuffisant pour lui garantir la victoire.
De notre point de vue, peu importe le vainqueur, certaines caractéristiques de l’économie américaine ne devraient pas changer : déficit élevé (autour de 5% du PIB), importante immigration de travail, absence de consensus politique pour un plan de relance massif (il n’y aura pas de Chips Act II), et recours au protectionnisme et aux sanctions économiques. Environ un tiers des pays font actuellement l’objet de sanctions économiques américaines. C’est énorme!
Au niveau des statistiques, la Banque Centrale Européenne devrait acter une nouvelle baisse de 25 points de base de son taux directeur – c’est déjà intégré dans les prix du marché.
Par Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
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