Dans notre dernier tour d'horizon de l'évolution des marchés financiers et des économies, nous revenons sur une semaine positive pour les actifs risqués et nous nous demandons si l'économie européenne a enfin franchi un cap.
Selon l’adage les investisseurs « vendent en mai et s'en vont » (“Sell in May and go away”), prenant leurs bénéfices et évitant ainsi une baisse saisonnière des marchés financiers. C'est du moins ce que dit la théorie. Manifestement, les investisseurs n'ont pas reçu le message si l'on en croit le début du mois.
La semaine dernière a été solide pour les preneurs de risques. Les courbes des obligations d'État se sont aplaties, les rendements sur la partie longue de la courbe diminuant davantage que sur la partie courte, et les spreads se sont resserrés sur les marchés du crédit aux entreprises, en particulier sur les marchés émergents high-yield et sur les marchés américains investment grade. Entre-temps, les matières premières ont progressé et les principaux indices boursiers des États-Unis, d'Europe et d'Asie étaient pour la plupart en hausse.
Les Suédois s’affranchissent
La banque centrale suédoise, la Riksbank, a répondu aux attentes du marché en abaissant son taux directeur de 25 points de base à 3,75 %, la première baisse depuis 2016. La Suède devient la deuxième banque centrale du G10 à assouplir sa politique monétaire cette année, la Banque nationale suisse ayant été la première à le faire en mars.
La Banque de réserve d'Australie a laissé ses taux inchangés à 4,35 % et ne semble pas pressée de bouger de sitôt. Le marché à terme australien indique que les taux d'intérêt resteront inchangés jusqu'à l'été 2025, ce qui implique que le taux d'intérêt neutre à long terme - le taux d'intérêt réel (net d'inflation) qui soutient le plein emploi tout en maintenant l'inflation constante - devrait être de 3,89 %.
La Banque d'Angleterre se rapproche
Le principal événement de la semaine en ce qui concerne la politique monétaire a été la réunion de la Banque d'Angleterre (BoE) du 9 mai. Bien que les taux directeurs soient restés inchangés pour la sixième réunion consécutive à 5,25 %, le comité de politique monétaire de la BoE se rapproche d’une baisse des taux, un deuxième membre du comité ayant voté en faveur d'une réduction immédiate des taux. Les sept autres membres ont voté pour le status quo.
S'adressant aux journalistes après la réunion, le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, a déclaré : « Il est probable que nous devrons réduire les taux bancaires au cours des prochains trimestres et rendre la politique monétaire un peu moins restrictive au cours de la période de prévision, peut-être plus que ce qui est actuellement prévu dans les taux du marché ».1
Le marché des swaps de taux d'intérêt au jour le jour évalue actuellement à 64 % la probabilité d'un assouplissement de la politique monétaire à partir de juin et d'une fixation des taux neutres à long terme à 3,55 %.2
Sur le plan économique, la BoE a revu à la hausse ses perspectives de PIB pour le Royaume-Uni en 2024, les faisant passer de 0,2 % à 0,5 % et de 0,75 % à 1 % en 2025. Après la réunion de la BoE, l'Office for National Statistics a publié les données du PIB du premier trimestre pour le Royaume-Uni, qui ont dépassé les attentes. L'économie a progressé à son rythme trimestriel le plus rapide depuis 2021, augmentant de 0,6 % en glissement trimestriel.3 Toutes les composantes de la croissance ont augmenté, le commerce net étant le plus grand contributeur, tandis que la demande domestique a augmenté de 0,2 %, un résultat positif après deux trimestres consécutifs de contraction.
L'Europe : En hausse ?
Au cours d'une semaine pauvre en données - ce qui contraste fortement avec la semaine précédente, comme nous l'avons souligné dans notre dernier commentaire sur le marché - l'autre événement notable a été la publication finale de l'indice composite des directeurs d'achat de la zone euro, qui a été révisé à la hausse, passant de 51,4 à 51,7.
L'indice a ainsi dépassé son équivalent américain pour la première fois depuis 12 mois,4 et constitue un autre exemple de données européennes surprenantes à la hausse ces dernières semaines. La région bénéficie de la reprise de l'activité manufacturière mondiale et de l'augmentation des revenus réels, alors que les pressions inflationnistes continuent de s'atténuer.
En revanche, l'économie américaine pourrait prendre la direction opposée, les données récentes n'ayant pas été à la hauteur des prévisions. L'indice de surprise économique de Citigroup US - une mesure de la comparaison des données économiques avec les prévisions du consensus des analystes - est devenu négatif (voir le graphique de la semaine). La question se pose donc : la politique monétaire restrictive, la réduction des aides fiscales et la diminution de l'épargne des consommateurs font-elles enfin sentir leurs effets ?
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