Selon la dernière enquête en date de Natixis Investment Managers, les conseillers financiers en Europe sont optimistes quant à l’évolution de leur métier dans les prochaines années, malgré un contexte marqué par les tensions géopolitiques et le retour de l’inflation.
En dépit de conditions de marché moins favorables, les professionnels de la finance en Europe tablent sur une croissance de leur activité, de l’ordre de 13 % pour 2022 avec, en France, une estimation plus faible : 8,8 %. La priorité est donnée à l’acquisition de clients et d’actifs. Les Français espèrent ajouter à leurs portefeuilles d’affaires 65 nouveaux clients par an sur les trois prochaines années, contre 44 nouveaux clients pour les autres Européens.
Les conseillers se concentrent sur l’amélioration de l’accès à la technologie, avec des applications pour les clients et des outils de gestion de la relation client, « incontournables » pour soutenir le développement, malgré les coûts que cela engendre. C’est ce que révèle notamment l’enquête de Natixis Investment Managers conduite par CoreData Research, en mars et avril 2022, auprès de 2.700 professionnels de la finance, dont 750 basés en Europe et 300 au Royaume-Uni.
Trois risques
L’enquête montre également que les investissements alternatifs et les matières premières sont considérés comme les plus attrayants. « S’ils s’attendent majoritairement à un développement de leur activité, font observer les responsables de l’étude, les professionnels évoquent un marché difficile : correction à deux chiffres des actions et des obligations, inflation record au premier semestre 2022… En conséquence, ils pourraient revoir leurs ambitions de croissance et devront adapter leurs stratégies d’investissement, tout en gérant les attentes fortes de leurs clients. »
La géopolitique, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt sont les grands risques de marché identifiés par les professionnels de la finance en Europe. Le risque géopolitique est une préoccupation majeure pour les Européens (pour 78 % d’entre eux) et les Français (74 %), alors que la moyenne mondiale est plus basse (54 %). Près des deux tiers des professionnels en Europe (64 %) et en France (65 %) estiment que l’inflation est une sérieuse menace pour les portefeuilles. Le changement des politiques monétaires des banques centrales constitue une incertitude supplémentaire. La hausse des taux d’intérêt est ainsi un risque élevé pour plus d’un professionnel sur deux en Europe (51,3 %) et davantage en France (61,3 %).
Trois facteurs
« Rares sont ceux qui pensent que la chute du marché se poursuivra jusqu’à la fin de l’année, font encore remarquer les responsables de l’étude de Natixis Investment Managers. En moyenne, les personnes sondées prévoient que la plupart des indices de référence renoueront avec la croissance, même timide, d’ici à décembre prochain. » Les Français misent sur une performance de… 0,7 % du Cac 40 quand leurs homologues anglo-saxons envisagent une progression de 4,7 % pour le FTSE et de 2,2 % pour le S&P 500.
Dans cet environnement, les solutions alternatives ont « le vent en poupe » : 68 % des professionnels interrogés (66 % en France) affirment que les actuelles conditions de marché rendent ces investissements particulièrement attractifs, à l’instar des infrastructures, des actifs privés et des matières premières. Ces dernières sont considérées comme la classe d’actifs la plus séduisante, a fortiori dans un environnement inflationniste, pour 73 % des Européens et 70 % des Français. Pour créer de la valeur, sachant que les performances de la décennie écoulée sont révolues, les professionnels devront adapter leurs portefeuilles et leurs stratégies commerciales.
En France, la moitié d’entre eux estime que le succès dépendra de trois facteurs : portefeuilles modèles (la plupart des clients apprécient le service de planification financière), gestion fiscale (64 % des clients n’intègrent pas de considérations fiscales dans leurs décisions d’investissement, la réduction d’impôt étant pourtant l’un des leviers d’apport de valeur), ESG (un moyen de mieux investir, alors que 36 % des clients français n’incorporent pas encore de produits « responsables » à leurs portefeuilles).
ML