Retrouvez ci-dessous le décryptage macro et marché mensuel d’IVO.
Dans le monde…
La compression simultanée des taux américains (-37pdb pour le taux à 10 ans) et des écarts de rendements (-57pdb) explique la performance positive observée sur les marchés obligataires émergents en janvier. En ce début d’année 2023, les investisseurs sont redevenus optimistes et commencent même à envisager un scénario favorable pour les marchés financiers : une inflation en baisse conjuguée à un ralentissement contrôlé de l’économie. Alors que certaines données semblent réduire la probabilité d’une récession durable aux Etats-Unis (résilience du marché du travail, amélioration des PMI, croissance du PIB du quatrième trimestre au-dessus des attentes à +2.9%), favorisant le resserrement des écarts de rendements, d’autres indicateurs révélant un ralentissement de l’activité en décembre (contraction de l’ISM services et manufacturier, baisse des salaires) ont été bien accueillis par les marchés. Ils laissent en effet entrevoir un potentiel pivot de la Fed et des banques centrales des pays développés en 2023. Cette anticipation a été renforcée par la publication du CPI américain, qui indiquait une baisse des prix de 0.08% en décembre par rapport au mois précédent, pour une hausse annuelle de 6.5%, soit son plus bas depuis un an.
Dans la zone euro, l’inflation était de 9.2% en décembre, contre un consensus de 9.5%, et l’activité économique s’est montrée plus robuste que prévu. Malgré certains indicateurs économiques laissant envisager un risque de récession aux Etats-Unis (contraction de la consommation réelle, baisse de la production industrielle en décembre) ou encore des commentaires de Christine Lagarde en Europe, confirmant l’intention de la BCE de maintenir la hausse des taux « à un rythme soutenu » pour combattre l’inflation, l’ensemble des classes d’actifs a donc bénéficié de ce sentiment de marché positif, porté par la perspective d’une politique monétaire moins restrictive. D’ailleurs, sur la base des valorisations affichées fin janvier, les marchés à terme américains intégraient la possibilité d’une baisse des taux directeurs dès cette année, contredisant le rapport de la réunion de décembre de la Fed mentionnant qu’aucun participant n’envisageait une baisse de taux en 2023.
Il convient par ailleurs de rester prudent sur l’incidence de la réouverture de l’économie chinoise, véritable baromètre du prix de certaines matières premières, qui pourrait, en cas de pression sur la demande, contrecarrer la trajectoire de baisse de l’inflation, de même que la vigueur du marché de l’emploi aux Etats-Unis.
…et dans les pays émergents
La totalité des pays émergents de l’indice enregistre une performance positive en janvier. Forts de cette dynamique positive, les marchés primaires émergents ont également rouvert en janvier, en particulier sur l’Investment Grade. Plusieurs souverains émergents de bonne qualité de crédit ont saisi cette fenêtre pour commencer à combler leurs besoins de financement pour 2023.
La Chine (+12.5%), principal contributeur à la performance de l’indice malgré quelques perturbations liées au retour du risque sanitaire, a continué de profiter de la réouverture de son économie amorcée en décembre. La croissance du PIB chinois atteignait 2.9% au quatrième trimestre, bien au-dessus des prévisions du marché. Nous avons continué à alléger nos positions sur certaines émissions du secteur immobilier, dont la valorisation a bénéficié de l’annonce de la réouverture économique et des mesures de soutien au secteur.
En Amérique Latine, le mois de janvier a été marqué par des tensions politiques dans certains pays. Alors que l’invasion du Congrès, du palais présidentiel et de la Cour suprême par des partisans de Bolsonaro a pu être rapidement contrôlée au Brésil (+0.9%), les manifestations persistent au Pérou (+1.7%), les contestataires se dirigeant vers Lima pour réclamer la démission de la nouvelle présidente. Bien que les conséquences économiques soient pour le moment limitées, tout comme l’impact sur les émetteurs péruviens, la nouvelle administration a annoncé par décrets un plan de réactivation de l’économie – dont le coût est estimé à 0.7% du PIB – ainsi que sa volonté de soutenir financièrement les PME affectées par les manifestations.
Dans le même temps, le gouvernement argentin (+7.2%) a surpris le marché en annonçant sa volonté de racheter jusqu’à un milliard de dollars de ses obligations 2029 et 2030 sur le marché secondaire, malgré de maigres réserves de change.
L’actualité politique a également freiné la performance de la Turquie (+0.6%), où Erdogan a décidé d’avancer les élections présidentielles et parlementaires à mai prochain, au lieu de juin. Le gouvernement maintient une politique expansionniste sur tous les fronts (augmentation du salaire minimum, réforme du système de pensions, soutien public au crédit) en amont des élections, ce qui pèse sur la devise turque et érode les réserves de change du pays.
Enfin, malgré la bonne performance sur l’ensemble du mois de janvier, l’approche des élections au Nigeria (+7.2%) – dont la notation a été abaissée à Caa1 par Moody’s fin janvier – prévues en février sur fond de crise des finances publiques et risque de contrôle accru des changes, pourrait continuer de générer de la volatilité sur le souverain et potentiellement sur certains émetteurs privés.
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A propos d’IVO Capital Partners
IVO Capital Partners est une société de gestion française indépendante spécialiste de la dette d’entreprise. Créée en 2012, elle investit dans le crédit coté et non coté avec une prédilection pour les situations offrant des primes de rendement sur les marchés internationaux, notamment émergents. Elle gère plus de 1,25 milliard d’euros d’encours (fin 2022) au travers de mandats de gestion, de quatre fonds obligataires Ucits et de véhicules dédiés à des opérations de dette privée dans les domaines du financement de contentieux juridiques et de l’octroi de prêt à des sociétés en forte croissance. La société compte une vingtaine de collaborateurs au sein de ses bureaux de Paris et Mexico.