Édito :
La présidente de la BCE a beau s'en défendre, le cycle de hausse des taux semble bel et bien de l'histoire ancienne en Europe. Car, au terme de dix passages à tabac monétaires, on a du mal à imaginer une économie européenne totalement dessoudée, se relever de si tôt. PMI manufacturier à 43 en octobre et à 47,8 dans les services… Ses constantes sont au plus bas et la victime vient, en d'autres termes, de se faire prescrire une ITT à durée indéterminée. En espérant que ça calmera l'inflation, Christine Lagarde a, très efficacement, fait passer à l'activité européenne l'envie de la ramener. Ce que, manifestement, Jerome Powell a bien du mal à faire de l'autre côté de l'Atlantique où l'économie américaine vient de s'offrir une croissance - chinoise - de 4,9 % au troisième trimestre. On se croirait presque revenu à la phase post-pandémique où des hordes de déconfinés s'élançaient à corps perdu dans un coït consumériste généralisé.
Si l'étreinte de la Fed ne parvient pas à éteindre l'économie américaine, cela tient à plusieurs raisons. En premier lieu, aux différents canaux de crédit et, donc, de transmission des restrictions monétaires à l'économie réelle. Alors qu'ici, les entreprises se financent majoritairement auprès des banques à taux variables, là-bas, elles le font auprès des marchés de capitaux à taux fixes. Or, en matière de dette, elles se sont refaites la cerise au lendemain de la pandémie et demeurent, pour l'heure, rassasiées. Ensuite parce qu'à l'excès d'épargne des ménages censé avoir été dilapidé d'ici la fin de l'année, se conjuguent les dépenses budgétaires de l'État fédéral. Les deux sont aujourd'hui responsables de l'augmentation de 8,5 % du PIB nominal sur le troisième trimestre ! En clair, lutter contre l'inflation dans un contexte de déficit budgétaire accéléré revient à vouloir sevrer un alcoolique dans un open bar. Plus que monétaire, la gestion du problème est aussi, et surtout, politique. Une mission qui offre, en définitive, un seul fauteuil pour deux. Au-delà d'une nouvelle hausse de taux cette semaine, cette réalité pourrait inciter Jerome Powell à laisser faire le marché obligataire puisque le rendement des taux augmente naturellement à mesure que le déficit budgétaire se creuse.
Le graph. de la semaine :Le PIB américain dépasse largement les attentes au troisième trimestre
Source : Bloomberg, 31/12/2020 - 30/09/2023
Performances :
Classes d'actifs
Les marchés seraient-ils entrés précocement en hibernation ? Après la précédente baisse généralisée, les investisseurs sont demeurés la semaine passée sur leur garde. Un manque avéré d'appétence au risque qui tient tout à la fois de l'attentisme post FOMC, de certaines déceptions sur les résultats d'entreprises et d'indicateurs économiques qui n'encouragent pas l'optimisme monétaire. Cette tendance "risk off" se lit aussi bien dans le nouveau recul des actions que l'appréciation des obligations. Dans un contexte d'incertitudes, la tendance sur les matières premières est indécise à l'instar du pétrole (Brent) qui s'apprécie légèrement en fin de semaine pour venir flirter avec les 90 dollars le baril.
Actions
Premières victimes de ce manque d'appétit pour le risque, les actions signent donc la plus forte baisse de la semaine. Si la décision - largement attendue - de la BCE n'a pas eu d'impact sur les marchés, en revanche, la résilience de l'économie américaine au troisième trimestre - à la veille de la réunion de la Fed - fait craindre aux investisseurs, si ce n'est un nouveau tour de vis, une période prolongée de taux élevés. C'est donc, tout naturellement, que les actions américaines s'octroient la plus forte baisse hebdomadaire tandis qu'à l'inverse les actions japonaises profitent de leur profil défensif pour se maintenir à l'équilibre.
Obligations
Dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques paroxystiques, des incertitudes sur l'horizon conjoncturel et monétaire, le compartiment obligataire retrouve tout son attrait défensif auprès des investisseurs. Dans ces conditions, tous les segments ont terminé la semaine dans le vert, à commencer par l'investment grade et le haut rendement qui s'adjugent la même performance. Du reste, le high yield demeure largement en tête du classement qui prévaut depuis janvier.
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