Edmond de Rothschild AM - Les élections américaines à l'ombre des préoccupations économiques 

11/03/2024 - source : Patrimoine 24

Le résultat du « Super Tuesday » est sans appel aux Etats-Unis : sauf évènement imprévisible, les prochaines élections présidentielles américaines verront s’affronter Joe Biden et Donald Trump. 

Nos investissements sur les taux américains demeurent plus réduits, le risque d’une reprise inflationniste nous semblant plus matériel qu’en Europe. 

En effet, nous retenons que l’environnement économique demeure encore favorable aux actifs risqués, vu le dynamisme de la conjoncture US et les moindres risques de récession durable en zone euro. 

Le résultat du « Super Tuesday » est sans appel aux Etats-Unis : sauf évènement imprévisible, les prochaines élections présidentielles américaines verront s’affronter Joe Biden et Donald Trump. Cela n’a pour l’instant que peu de conséquences sur les marchés financiers. Les investisseurs sont plus focalisés sur l’environnement économique et l’évolution de l’inflation qui détermineront les prochains mouvements des banques centrales. Aux Etats-Unis, même si la résilience de la croissance se confirme, les statistiques délivrent un peu moins de surprises positives. L’indicateur avancé ISM Manufacturing était en retrait pour le mois de février après le rebond du mois de janvier. L’ISM Services était aussi en légère baisse et en-dessous des attentes, mais toujours au-dessus du niveau de 50. Il est tiré à la baisse par les composantes « emploi » et « prix payés » alors que les nouvelles commandes sont en hausse. A l’inverse, les ISM européens sont révisés à la hausse mais restent sur des niveaux faibles principalement en Allemagne et dans une moindre mesure en France. Pour la zone Euro, l’ISM Composite repasse au-dessus du niveau de 50 à 50,2. La BCE a tenu sa réunion cette semaine. Elle reste attentive à l’évolution des salaires pour confirmer la baisse tendancielle de l’inflation. Les dernières déclarations ont ainsi tendance à justifier un cycle de baisse des taux qui commencerait au mois de juin. Le prochain FOMC (réunion de la Fed) n’aura lieu que le 20 mars, mais Jérome Powell a pris la parole cette semaine devant le Congrès. Il attend aussi d’être plus confiant sur la trajectoire de l’inflation vers l’objectif de 2% pour modifier la politique monétaire. S’il a redit qu’il serait probablement approprié de baisser les taux cette année, le nombre de baisses dépendra alors de l’évolution de l’environnement économique. Le Japon fait figure d’exception. En effet, avec l’extinction progressive des subventions au prix de l’électricité, l’inflation y repart à la hausse, à 2,5% après un point bas à 1,8% en janvier. Cela milite pour une hausse des taux afin de s’extraire des taux négatifs, mais la Banque du Japon l’envisage avec beaucoup de prudence. S’agissant de nos choix d’allocation d’actifs, l’ajustement à la baisse du scénario de croissance/inflation de la BCE nous amène à conserver notre surpondération sur les taux d’intérêt, notamment sur la partie courte et intermédiaire de la zone euro.En effet, nous tablons sur une baisse des taux directeurs de la BCE en juin étant donné que l’institution aura « beaucoup plus d’éléments en juin qu’en avril ». Nos investissements sur les taux américains demeurent plus réduits, le risque d’une reprise inflationniste nous semblant plus matériel qu’en Europe. Nous maintenons par ailleurs notre exposition sur les marchés d’actions à la neutralité en dépit des niveaux de plus en plus tendus sur les primes de risques et de conditions de liquidité moins favorables. En effet, nous retenons que l’environnement économique demeure encore favorable aux actifs risqués, vu le dynamisme de la conjoncture US et les moindres risques de récession durable en zone euro. 

ACTIONS EUROPÉENNES

Les marchés européens ressortent en nette hausse sur la semaine, le discours de la BCE à la tonalité résolument « dovish », étant le principal catalyseur de ce mouvement. Certes, Christine Lagarde n’a pas baissé ses taux lors de son discours jeudi, mais la tonalité particulièrement conciliante autour d’un réajustement du scénario d’inflation plus favorable que prévu et traduisant une économie européenne en ligne avec les objectifs de la BCE aura fortement orienté les taux souverains à la baisse. Toutefois, si l’institution confirme son souhait de ne pas vouloir attendre le retour à 2% de l’inflation pour assouplir sa politique, elle reste « data driven » affirmant qu’elle aura plus de visibilité en avril, et encore davantage en juin.

D’un point de vue sectoriel, les secteurs davantage exposés à l’environnement de taux ressortent gagnants, à l’instar de l’immobilier, la technologie et les services publics. D’autres éléments plus spécifiques sont à noter : l’entreprise danoise Novo Nordisk qui représente aujourd’hui un poids tellement important dans les indices européens qu’elle aura tiré vers le haut tout le secteur de la santé suite à des essais cliniques positifs autour de son nouveau traitement contre l’obésité. Pour rappel, l’entreprise est devenue la première capitalisation boursière européenne devant le géant du luxe LVMH. 

Le secteur se porte pourtant très bien, en témoigne le groupe Prada qui termine sur une bonne note son exercice avec une croissance de 18% à taux de change constant au T4 2023, en ligne avec les meilleurs du secteur tels qu’Hermes, Zegna, Brunello Cucinelli… D’un autre côté, Hugo Boss fait état des difficultés éprouvées par les marques plus grand public et voit son cours vivement corriger suite à des objectifs 2024 revus à la baisse. Le groupe avance des raisons macroéconomiques, avec des dépenses de consommateurs sensiblement détériorées par l’inflation. 

Même constat pour Lufthansa et le secteur du tourisme. La compagnie table sur une stagnation de son résultat opérationnel, avec une hausse de la demande qui sera balayée par l’impact des grèves et la hausse des coûts liés au carburant. Deutsche Post se retrouve également sanctionné, pénalisé par la faiblesse de ses résultats du T4 2023 combiné avec la prudence de ses perspectives pour 2024 devant un manque de signaux positifs concernant un rebond du secteur logistique, souvent considéré comme un indicateur du dynamisme de la croissance mondiale.

Sur une note plus positive, Scor confirme la bonne santé du secteur assurantiel en Europe en améliorant ses ratios de rentabilité, de solvabilité et en augmentant son dividende grâce à des hausses tarifaires et des sinistres moins couteux que prévus.

ACTIONS AMÉRICAINES

Le S&P500 est en légère hausse de +0,4% sur la semaine, tiré par une forte hausse sur les semi-conducteurs, et Nvidia qui dépasse les 2 billions de dollars de capitalisation pour la première fois.

La saison de publications des résultats du quatrième trimestre touche à sa fin aux Etats-Unis et s’est accompagnée d’importantes publications cette semaine. C’est notamment le cas de Target ; le distributeur américain surprend positivement, en particulier sur ses prévisions de croissance des ventes, revues à la hausse contrairement à Costco, dont les revenus du T4 se sont avérés inférieurs aux attentes.

Mastec dans le secteur de l’ingénierie rebondit fortement sur l’annonce d’une forte génération de flux de trésorerie au T4, un carnet d’ordres rempli pour les deux prochains trimestres, ainsi qu’une amélioration des marges d’EBITDA prévue pour 2024. Le producteur de lithium américain Albermale corrige sur ses annonces de résultats et d’émission d’obligations convertibles, tandis que ce secteur demeure au plus bas depuis 2021. Dans le secteur des logiciels, Crowdstrike (cybersécurité) annonce des résultats supérieurs aux attentes pour le T4, ainsi qu’une hausse des prévisions pour le T1. Au sein des semi-conducteurs, Broadcom publie des résultats nuancés, mais qui témoignent d’une demande plus forte que prévue sur les segments IA, alors que Marvell déçoit sur la partie infrastructure et entreprise.

L’épisode New York Community Bank continue : la banque a annoncé avoir levé 1 milliard de dollars de la part de différents investisseurs, dont le fonds d’investissement de Steven Mnuchin.

L’activité sur les marchés de capitaux  confirme sa reprise : l’IPO du réseau social Reddit devrait être réalisée avant la fin du mois sur une valorisation boursière de 6,5 milliards de dollars , en-dessous de sa valorisation datant de l’ère Covid. La fintech Suédoise Klarna évoque également son introduction en bourse aux Etats-Unis avant la fin d’année.

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