Edmond de Rothschild AM - La BNS ouvre la voie de la baisse des taux

25/03/2024 - source : Patrimoine 24

Les banques nationales suisses et japonaises ont pris des décisions radicalement opposées, bien que portées par la même motivation de piloter leur devise.

La croissance de l’immigration aux Etats-Unis a sans doute joué un rôle positif dans cette désinflation miraculeuse, en permettant un relachement des tensions sur le marché du travail accompagné d’un rebond de la productivité.

Malgré cet environnement de taux réels maintenus à des niveaux élevés pour encore quelques mois, les indicateurs économiques publiés cette semaine montrent une bonne résilience de la croissance.

Les banques nationales suisses et japonaises ont pris des décisions radicalement opposées, bien que portées par la même motivation de piloter leur devise. L’appréciation du franc suisse de plus de 15% depuis fin 2019 pèse sur les exportations suisses, dont les volumes ne parviennent pas à revenir au-dessus de leur niveau d’avant covid. La Banque Nationale Suisse a donc devancé les anticipations des marchés en décidant de baisser ses taux de 25 points de base pour relâcher la pression sur sa devise. A l’inverse, la Banque du Japon est enfin sortie de sa politique de taux négatifs en relevant ses taux à 0-0,10% et de Yield Curve Control dans l’espoir d’enrayer la dépréciation de sa devise et l’inflation des prix des importations, alors que les négociations annuelles Shinto ont débouchées sur des hausses salariales supérieures à 5%.

A l’instar de la BCE, la FED a intimé aux marchés de patienter jusqu’en juin pour concéder une première baisse de taux. La FED a acté une croissance plus résiliente, en relevant les perspectives de croissance (+60pb en 2024, +20pb en 2025 et +10pb en 2026) ainsi que d’une inflation plus persistante (Core PCE relevé de 20bp pour 2024 et headline relevé de 10 bp en 2025). Malgré une trajectoire de baisse de taux légèrement moins généreuse qu’en décembre dans les dots du FOMC, les marchés ont été confortés par la perspective de 3 baisses en 2024, en probabilisant la première en juin à 65%. La banque centrale américaine pourrait également décélérer dès le mois de mai le rythme de la réduction de son bilan (Quantitative Tightening) qui est mis en œuvre depuis 2 ans. Les marchés actions ont accompagné les marchés obligataires dans ce satisfecit.

La croissance de l’immigration aux Etats-Unis a sans doute joué un rôle positif dans cette désinflation miraculeuse, en permettant un relachement des tensions sur le marché du travail accompagné d’un rebond de la productivité. Cet environnement confère à la FED davantage de marges de manœuvre qu’à la BCE. La zone euro ne peut se permettre de voir ses taux baisser trop en amont de la FED, au risque de voir l’euro se déprécier et l’inflation importée faire son retour. D’autant plus que les prix énergétiques sont de nouveau orientés à la hausse, avec un Brent au-dessus de 85 dollars. La BCE est également en décalage de phase avec la FED sur le quantitative tightening puisqu’après avoir mis fin aux LTRO / TLTRO, la BCE doit accélérer le rythme de réduction de son bilan en juillet. 

Malgré cet environnement de taux réels maintenus à des niveaux élevés pour encore quelques mois, les indicateurs économiques publiés cette semaine montrent une bonne résilience de la croissance. Les PMI indiquent un possible rebond de l’activité en zone euro, malgré l’activité manufacturière toujours en retrait en Allemagne. Aux Etats-Unis, les PMI se maintiennent en territoire d’expansion et les indicateurs des FED régionales confortent le scénario d’un atterrissage en douceur.

Les très bonnes performances des marchés actions depuis fin octobre nous invitent à des prises de profits tactiques. Le terreau est favorable à une éventuelle consolidation de marché : les primes de risques sur les actions laissent désormais moins de place à des déceptions sur le scénario majoritaire de désinflation miraculeuse. A plus court terme, les rebalancements de fin mars verront affluer des prises de profits sur les actions et des réallocations en faveur des obligations, tandis que la corrélation implicite du SP500 atteint son plus bas niveau depuis plus de dix ans. Les marchés obligataires nous semblent offrir une asymétrie du profil gain/risque plus attractive. Nous avons en particulier renforcé la duration américaine.

ACTIONS EUROPÉENNES

Les actions européennes terminent dans le vert cette semaine, tirées par les segments cycliques, immobilier et banques en tête, sur fond d’indicateurs économiques plus optimistes en ce qui concerne la santé de l’économie : le PMI composite sort à 49,9 contre 49,7 attendu, les services restant en territoire d’expansion au-dessus de 50 pour le deuxième mois consécutif, mais sa composante manufacturière reste dépréciée. L’indice de sentiment des investisseurs ZEW a fortement rebondi en mars pour le huitième mois consécutif. 

Le premier signe concret d’un virage accommodant s’est fait du côté suisse : la Banque Nationale Suisse est la première principale banque centrale mondiale à baisser ses taux cette année. Même si on ne peut pas en dire autant à ce stade de la banque d’Angleterre qui a laissé ses taux directeurs inchangés, il est intéressant de noter qu’aucun membre n’a voté en faveur d’une hausse de taux. De son côté, Christine Lagarde a précisé cette semaine que la BCE ne s’engagerait pas sur une trajectoire de baisse de taux après la première baisse. Le virage est donc engagé, mais le discours reste prudent. 

Au niveau des sociétés, après une saison de résultats plutôt bonne pour le secteur du luxe, Kering a publié un profit warning, lié à la forte baisse des revenus générés par Gucci qui représente près de la moitié du groupe, et à une demande chinoise atone. Le géant britannique de la grande distribution Unilever a annoncé la suppression de 7500 emplois et la scission de ses activités de crème glacée qui pesaient largement sur les marges en raison des hausses de coûts. Cette opération devrait être finalisée d’ici fin 2025 et générer 800 millions d’euros d’économies sur les trois prochaines années. Dans le secteur technologique, l’éditeur de logiciel allemand Nemetschek a publié de très bons résultats pour clôturer l’année fiscale 2023 et prouve sa résilience durant une phase de transition cloud, mais le marché a sanctionné un discours légèrement plus prudent qu’attendu sur les perspectives 2024. Le Français Atos, de son côté, chute en bourse après avoir annoncé la fin des négociations avec Airbus autour de sa division big data et security.

Enfin, difficile en 2024 de parler du marché action sans mentionner l’intelligence artificielle : la conférence GTC d’Nvidia aura apporté son lot de bonnes nouvelles pour les sociétés européennes, comme pour le champion européen de services IT SAP qui a annoncé un partenariat avec Nvidia pour sa plateforme SAP Business AI, Siemens renforce sa collaboration avec l’américain pour ses logiciels industriels de rendu photoréaliste, Schneider Electric dans l’infrastructure des centres de données, et Novo Nordisk pour la création d’un superordinateur au Danemark pour appuyer l’innovation dans la santé.   

ACTIONS AMÉRICAINES

Les marchés terminent encore une fois la semaine à un nouveau plus haut historique, dans un mouvement de marché porteur pour le Nasdaq 100 (+2,9%) mais également pour l’ensemble du marché, puisque le Dow Jones 30 et Russell 2000 réalisent une performance similaire. 

Cette semaine, l’attention des investisseurs s’est portée sur la conférence de Nvidia au cours de laquelle a été dévoilée sa nouvelle « superpuce » IA Blackwell, et un partenariat avec Cadence Design Systems notamment. Puis sur le FOMC qui a eu lieu mercredi, au cours duquel Jérome Powell a, à nouveau, exprimé le fait que les taux d’intérêt sont à leur plus haut de ce cycle de politique monétaire.

Au niveau des entreprises, quelques publications trimestrielles sont parues cette semaine, perçues dans l’ensemble plutôt positivement par le marché. Fedex grimpe en bourse suite à des estimations de bénéfice supérieures aux attentes pour le T3, grâce à des économies de coût malgré une demande difficile. Au sein des semi-conducteurs, Micron dépasse les attentes sur toutes les métriques, et relève ses prévisions pour l’année complète, témoignant d’un positionnement réussi sur le segment IA. SuperMicro Computer corrige après son parcours exceptionnel, suite à une vente d’actions plus difficile que prévue.

Au sein de la consommation, la marque de vêtements Lululemon corrige malgré de bons résultats, en raison d’une faiblesse de la demande américaine qui devrait perdurer au T1. De même pour Nike, qui effectue un warning sur ses ventes pour l’année 2024.

Les nouvelles continuent d’être négatives d’un point de vue juridique pour Apple : la rumeur de son partenariat à venir avec Google via Gemini, a été éclipsée par la plainte antitrust du DOJ concernant ses pratiques monopolistiques.

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