Les biocarburants peuvent être une solution au défi majeur de la décarbonation du secteur des poids lourds, navires et avions.
Le futur, c’est aujourd’hui
Les origines des biocarburants remontent aux débuts de l’automobile. Le moteur de Rudolf Diesel était conçu pour fonctionner avec de l’huile d’arachide ! Puis les combustibles fossiles ont été privilégiés au 20e siècle en raison de l’abondance et du faible coût du pétrole. Ce n’est qu’avec les crises pétrolières des années 1970 que les biocarburants ont connu un regain d’intérêt.
Les biocarburants sont appelés à devenir un levier important de la transition énergétique. Ils représentent déjà 6,8 %[1] de la consommation de carburant pour le transport routier en Europe en 2020, et 10 % de la consommation d’essence aux États-Unis, et pourraient représenter jusqu’à 15 % de la consommation mondiale d’énergie dans les transports d’ici à 2030[2].
Les trois ères des biocarburants
Les biocarburants, dérivés de matières biologiques (plantes, déchets organiques), peuvent être classés en trois générations, en fonction des matières premières et des technologies de production utilisées :
Les biocarburants de première génération sont les plus largement adoptés et les plus viables d’un point de vue commercial. Les deux principaux sont le biodiesel, produit à partir d’huile végétales (soja, colza ou palme) et le bioéthanol, carburant à base d’alcool produit par la fermentation de sucres (canne à sucre, maïs et betterave sucrière).
Les biocarburants de deuxième génération utilisent des matières premières ayant moins d’impact sur la production alimentaire : cultures non comestibles, déchets alimentaires et agricoles. Leurs processus de production sont plus complexes. Ils utilisent des graisses animales, des huiles de cuisson usagées et des huiles végétales non comestibles pour produire du diesel renouvelable ou du « Biojet » (à mélanger avec du kérosène). C’est l’un des domaines les plus prometteurs pour la décarbonation des transports, notamment le transport routier lourd et l’aviation.
Les biocarburants de troisième génération utilisent des matières premières sans valeur alimentaire. Les algues sont la principale matière première explorée à ce jour, mais leur production n’est pas encore commercialement viable. Cette technologie n’en est qu’à ses débuts.
Alimentation ou carburant : le débat
La disponibilité des matières premières est un facteur limitant pour les nouveaux entrants sur le marché. De nombreux producteurs n’ont pas accès aux déchets de matières premières ou n’ont pas la capacité de les traiter, et utilisent les huiles végétales (soja, palme). Les biocarburants de première génération ont ainsi été directement liés à la déforestation et au changement d’affectation des sols, ce qui a poussé certains régulateurs à limiter leur utilisation.
En 2021, 70 % du diesel renouvelable était dérivé de déchets et de résidus - donc c’est possible ! Les incitations doivent continuer à promouvoir ces développements, tout en limitant la production de biocarburants de première génération – celle-ci est déjà en baisse dans les économies avancées, mais a été compensée au niveau mondial par la croissance des économies émergentes.
Jusqu’à l’espace, et au-delà ?
L’aviation contribue actuellement à hauteur de 2,5 %[3] aux émissions mondiales de CO2, et ses émissions continuent d’augmenter. Les solutions électriques et à base d’hydrogène ne seront pas envisageables avant un certain temps, ce qui fait du Biojet la seule solution viable à moyen terme - même s’il est actuellement deux à trois fois plus cher que le kérosène traditionnel[4]. C’est le futur segment de croissance de l’industrie.
Le marché en est encore à ses débuts. En 2021, les États-Unis n’en ont produit que 86 millions de litres, ce qui est dérisoire par rapport aux 91 milliards de litres consommés annuellement par les compagnies aériennes américaines avant la pandémie. Cette consommation devrait doubler d’ici 2050, soutenue par des mesures incitatives aux Etats-Unis ou en Europe.
Avant d’investir sur ce marché à fort potentiel de croissance, il est essentiel de procéder à une analyse précise des acteurs, des technologies, et des avantages et risques environnementaux. Chez Candriam, nous analysons les « énergies vertes » dans nos portefeuilles durables depuis plus de 25 ans : nous avons les connaissances et la vision nécessaires pour vous aider à réussir la transition vers ces biocarburants.
Auteur : Marouane Bouchriha, Senior Fund Manager, Thematic Global Equities
[1] Agence européenne pour l’environnement, Intensités des gaz à effet de serre des carburants utilisés dans les transports dans l’UE en 2020 : Suivi dans le cadre de la directive sur la qualité des carburants. Février 2022. ETC CM Eionet. Consulté en avril 2023.
[2] Selon l’Agence Internationale de l’Energie
[3] Budget carbone mondial 2019, aviation uniquement, consulté en avril 2023 . Budget carbone ( globalcarbonprojec t .org) .
[4] Le PDG de Boeing prévient que les biocarburants respectueux de l’environnement « n’atteindront jamais le prix du kérosène » | Financial Times ( ft.com)
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