Banque de Luxembourg Investments - Perspectives Q4/2024. Analyse trimestrielle des marchés financiers

24/10/2024 - source : Patrimoine 24

Retrouvez la dernière publication de « Perspectives », l'analyse de l’environnement macro-économique et des marchés financiers de BLI - Banque de Luxembourg Investments. Les sujets des Perspectives du Q4/2024 sont entre autres :

La remarquable résilience de l’économie américaine semble se maintenir.

La rotation observée sur les marchés boursiers au troisième trimestre devrait se poursuivre.

Le principal risque pour les marchés boursiers est à l’heure actuelle d’ordre géopolitique.

Environnement macro-économique 

CROISSANCE RÉELLE DU PIB 

Bien que la croissance de l’économie mondiale ait été relativement modeste tout au long de cette année, un effondrement majeur de l’activité, lié à une récession dans l’une des grandes économies, ne s’est pas produit, malgré le resserrement monétaire significatif observé aux États-Unis et en Europe entre mars 2022 et septembre 2023. Toutefois, il est indéniable que la conjoncture mondiale repose fortement sur la consommation intérieure américaine, qui continue de croître à un rythme régulier d’environ 3% par an en termes réels, et ce malgré une légère dégradation du marché de l’emploi. En revanche, en dehors des États-Unis, l’activité économique a été nettement moins dynamique. Dans la zone euro, les signes d’amélioration apparus au printemps n’ont pas été confirmés, les derniers indicateurs d’activité révélant la poursuite de la faiblesse dans le secteur manufacturier, ainsi qu’une légère dégradation dans les services.

En Chine, les difficultés persistantes du secteur immobilier, qui ont miné la confiance des ménages, ont poussé les autorités à annoncer récemment un ensemble de mesures pour relancer l’économie. Au Japon, la montée de l’inflation a érodé le pouvoir d’achat des ménages, empêchant ainsi une reprise significative de la consommation intérieure au cours de cette année. 

BLI Q4 Croissance réel du PIB

 

DÉPENSES DE CONSOMMATION DES MÉNAGES AUX ETATS-UNIS 

Depuis deux ans, la consommation intérieure aux États-Unis s’impose presque comme le seul moteur de la croissance économique mondiale. En dépit de nombreux obstacles, les ménages américains ont su maintenir une demande vigoureuse. Parmi ces obstacles, le plus notable reste la hausse significative des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, qui a conduit à un resserrement généralisé des conditions de crédit. Ce durcissement a particulièrement affecté les petites et moyennes entreprises, qui avaient été incapables de refinancer leurs dettes sur les marchés de capitaux à des taux historiquement bas observés durant la pandémie. La hausse des coûts de financement a comprimé leurs marges bénéficiaires, entraînant une vague de faillites. Petit à petit, les signes d’un affaiblissement du marché de l’emploi se sont multipliés, avec une baisse des postes intérimaires, des départs volontaires et des heures supplémentaires. En juillet, le ralentissement marqué des créations d’emplois et la remontée du taux de chômage laissaient présager une hausse plus durable de ce dernier. Toutefois, dès les mois suivants, la situation s’est retournée : le taux de chômage a de nouveau reculé et les créations d’emplois ont repris de la vigueur. Dans ce contexte, un maintien de la croissance annuelle réelle de la consommation intérieure américaine autour de 3% devient un scénario de plus en plus plausible. 

BLI Q4 Dépenses de consommation des ménages aux Etats Unis

 

TAUX D’ÉPARGNE AUX ETATS-UNIS 

Lors de la publication de la révision annuelle des comptes nationaux américains en septembre, le Bureau of Economic Analysis a nettement relevé les estimations de croissance du PIB pour les années antérieures. Ainsi, la croissance du PIB pour 2023 a finalement été revue à 2,9%, contre 2,5% auparavant, et celle de 2022 à 2,5%, au lieu de 1,9%. Plus intéressant encore, la révision du revenu national brut (RNB) — qui, en ajoutant les revenus des résidents, reflète également la valeur de la production nationale — a attiré l’attention. Habituellement, un écart entre le RNB et le PIB est résorbé par une révision à la baisse de ce dernier. Toutefois, cette fois-ci, le RNB a été fortement rehaussé, stimulé par une hausse plus marquée que prévue des transferts publics, des intérêts et dividendes et des bénéfices des entreprises. Cette révision a permis de réévaluer le taux d’épargne à 4,8%, loin du 2,9% initial, qui aurait rappelé les creux atteints lors de la bulle immobilière de 2005-2007. Cela remet en question la supposée érosion des réserves des consommateurs américains et révèle que la situation financière des ménages et des entreprises est moins fragile que les statistiques des mois précédents ne le laissaient entrevoir. 

BLI Q4 Taux depargne aux Etats Unis

 

DETTE PUBLIQUE ET PIB AUX ETATS-UNIS

L’éventualité d’une récession, qui aurait logiquement dû découler de l’inversion de la courbe des taux d’intérêt, du repli prolongé de l’indice composite des principaux indicateurs avancés, ainsi que de la pression exercée sur les marges des petites et moyennes entreprises, principales pourvoyeuses d’emplois aux États-Unis, ne semble finalement pas se concrétiser. Si l’essor des services au détriment du secteur manufacturier contribue sans conteste à réduire la fréquence des récessions, c’est surtout l’envolée de l’endettement public depuis la crise financière de 2008 qui joue un rôle central. Bien que chaque unité de dette génère désormais de moins en moins d’unités de PIB, le volume global des nouveaux emprunts publics soutient néanmoins les revenus des ménages et des entreprises, les rendant ainsi mieux armés pour surmonter des difficultés passagères. Malgré les risques associés à un endettement public croissant, la perspective d’un changement de cap à l’approche des élections présidentielles de novembre reste quasiment inexistante. En effet, les deux candidats à la présidence prônent la poursuite d’une politique de dépenses publiques débridées, sans souci de rigueur budgétaire. Ainsi, l’accroissement continu de la dette publique constitue un facteur supplémentaire réduisant la probabilité d’une contraction économique l’année prochaine, malgré les signaux contraires émis par les indicateurs avancés historiquement les plus fiables. 

BLI Q4 Dettes publique et PIB aux Etats Unis

 

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