À l’issue d’une course effrénée pour la présidence des États-Unis, le camp Républicain s’impose sans conteste à la Maison-Blanche et au Congrès. La « vague rouge » est totale. D. Trump aura pour ce nouveau mandat les coudées franches, contrairement à 2016. Il dispose de bien plus d’alliés dans le paysage politique et entrepreneurial.
Le lendemain des élections, les marchés financiers ont évolué dans un ordre ordonné, en lien avec la couleur qui va dorénavant prédominer dans les institutions politiques américaines. Les fameux «Trump trades» se sont naturellement mis en place, effaçant la prime qui intégrait encore (du moins partiellement) une victoire des Démocrates.
Depuis le début du mois de novembre, les actions américaines (à travers le S&P 500) prennent 4% d’avance par rapport à l’Euro Stoxx 50 et quasiment 6% par rapport au MSCI Emerging Markets (référence en dollar pour les actions émergentes, au 15/11).
Peu importe la logique entre les classes d’actifs, le programme dépensier et inflationniste que représente D. Trump a mis les taux à rude épreuve. Les taux souverains américains ont évolué de concert avec la probabilité d’une victoire Républicaine (+80 bps depuis ses points bas, avec des sommets à 4,5% pour le 10 ans).
Par-dessus, l'émission du Trésor américain de près de 500 Md$ en octobre est venue soutenir la thèse d’un déficit difficilement soutenable. Depuis, la dette totale a franchi la barre des 36 trillions de dollars (250K$ par contribuable !). Le premier sujet qui attend les nouvelles Chambres sera, dès janvier, le plafond de la dette fédérale. Dans cette lignée, le dollar a également pris de la hauteur. L’EUR/USD s’échange actuellement proche de 1,05.
Jamais dans l’histoire nous n’avons pu observer un tel rallye boursier des actions dans un environnement où les taux font une telle percée… Les indices actions fêtent la victoire d’une politique pro-business et pro-croissance, mais le réveil pourrait s'avérer rude. Les investisseurs obligataires s’inquiètent de voir, à plus long terme le revers de bâton du coût (coup ?) lié aux mesures : fiscales, protectionnistes, migratoires… et, de fait, inflationnistes.
Si l’on zoome un peu plus, on observe une logique forte en termes de performances sectorielles. En s’intéressant aux financements des campagnes, tant par les particuliers que par les entreprises, il est clair que l’industrie « lourde » et les secteurs privilégiés par moins de régulation ont été les principaux contributeurs. Aéronautique, secteur financier (dons d’importants hegde funds et Brokers), Pharma et parapétrolières… les performances boursières sont en ligne avec les soutiens financiers à la campagne. En face, les potentiels gagnants d’une victoire de K. Harris sont mécaniquement les perdants, à commencer par l’industrie « verte » et certaines entreprises du secteur de la consommation. McDonald’s, Nike, Abercrombie… ne seront pas soutenus par la demande domestique sur laquelle comptait K. Harris.
Les sociétés les plus tournées vers l’international et en particulier la Chine, tant en termes de débouchés commerciaux que d’approvisionnement en composants seront doublements pénalisés par la guerre commerciale qui s’annonce. En 2016, en l’absence d’une majorité au Congrès, D. Trump avait su imposer des hausses de tarifs douaniers à l’aide d’articles de lois spécifiques (« concurrence injuste », « sécurité nationale ») sur des biens spécifiques (des panneaux solaires chinois aux vins français, en passant par les machines à laver). En 2025, il est clair que le nouveau locataire de la Maison-Blanche aura bien plus de marges de manœuvre, bien que nous considérions l’impact surmontable (cf. graphique du mois).
L’enjeu réside dans la célérité avec laquelle D. Trump pourra opérer, quel soutien (même en interne) aura-t-il et enfin la faisabilité face à la réalité. Le nom des personnes qui seront nommées à des postes stratégiques revêt une importance capitale. À ce titre, M. Rubio est en bonne voie pour le poste de Secrétaire d’État et M. Waltz pour celui de conseiller à la sécurité nationale. Tous deux sont connus pour avoir une ligne dure envers la Chine.
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